A nom hermétique, musique hermétique ? Oui et non. Dans le cas de SULLIVAN14, le problème reste épineux. Bien sur, cette démo 2008 à tout du monolithe Kubrickien, mais s’arrêter à cette constatation serait un raccourci trop réducteur.
De l’émotion il y en a. De la puissance aussi. Des plaintes, des cris, un mur de son. Du concis, du diffus, du concret, du dilué.
Ca n’est pas vraiment du Screamo, pas vraiment du Hard-Core non plus, du Metal assurément, c’est un melting pot ou les UNSANE croisent le fer avec NEUROSIS, la sécheresse instrumentale le disputant à l’hystérie vocale, un combat permanent entre la mélodie qui souhaite quand même avoir une petite place, et la dissonance qui reste maître en son pays.
Les quatre premiers titres forment une symphonie indissociable qu’on prend ou qu’on laisse, voguant au gré des humeurs et des coups de boutoir de la colère. Le son est indiscutablement très bon, clair, mettant bien en relief toutes les composantes de cette démo. Si l’on note dès le premier titre une inclinaison à la violence maladive et la tension de tous les instants, celle-ci se confirme, mâtinée d’une lourdeur bienvenue sur « Francis Heaulme », ou l’on sent que le groupe, même s’il a des influences, a déjà plus ou moins trouvé sa voie.
Nous filons directement sur « Trong Hâu Môn Mai » et ses guitares tendues à l’extrême, toujours sur ce coulis de vocaux écorchés qui ne trouvent pas la paix.
« Preston » finit le travail de sape de la première partie du CD, avec son tempo nerveux comme un accro à la cafeïne, avant de s’affaler dans du quasi Doom de qualité.
La pièce de choix fait tomber le rideau, et « Tout Ira Mieux Demain » et ses 15 minutes rappelle un peu dans la démarche le dernier PSYKUP et ses velléités de non conformisme. Toutes les ambiances sont passées en revue jusqu’à l’overdose de repli sur soi, et pourtant Dieu sait que cette démo ouvre le groupe sur l’extérieur.
Je n’ai plus qu’à souhaiter à SULLIVAN14 de rencontrer le succès qu’ils méritent.