MALLEUS MALEFICARUM (FRA) - Ahriman (Oct-2007)
Depuis la fin des années 90, MALLEUS MALEFICARUM balance à la face du monde sa musique, qui, si elle sonnait désesperement banale au départ, devient de plus en plus intéressante au fur et à mesure des albums. Au point de rivaliser sans peine aujourd’hui avec beaucoup de formations internationales, voire même de proposer un son beaucoup plus novateur que la plupart d’entre elles. Point de barnum chez eux, ils ne souhaitent qu’une chose, être connus pour et par leur musique, et non pas pour des théories douteuses destinées à alimenter les fantasmes d’ados en mal de mysticisme bon marché. Ahriman expose ses vues sans embages, et son discours clair et concis ne fait que renforcer l’impact du dernier et impressionnant album, Nothing Left To Fight For…et si il avait raison ?
Line-up : Tamas (Guitare, Voix), Ahriman (Basse, Voix), Nicolas (Batterie)
Discographie : Heic Noenum Pax (MCD - 1999), Zarach'Baal'Tharagh (Demo - 2000), Taedium Vitae (Album - 2002), Des Bibles, Des Hymnes, Des Icônes... (Album - 2004), Nothing Left To Fight For (Album - 2006)
M-I Interviews du groupe : Nicolas (Août-2004), Ahriman (Oct-2007)
Metal-Impact. Rétrospectivement, quel regard porte tu sur « Nothing Left To Fight For » ?
Ahriman. NLTFF nous a permis d’explorer de nouveaux sentiers, de franchir certaines barrières et est pour moi une ouverture, une porte, un tremplin pour quelque chose de relativement nouveau ou différent des deux albums précédents. Il en ressort une certaine maturité, du moins une évolution artistique dont je suis satisfait et nous comptons continuer les efforts dans ce sens. Sans être plus technique, de part les différentes expériences passées, nous avons su créer des atmosphères plus sombres, désespérantes que sur les œuvres précédentes.
MI. Cet album marque une nouvelle étape dans votre carrière, penses tu que MALLEUS MALEFICARUM à trouvé son équilibre ou entrevois tu d’autres changements dans le futur ?
Ahriman. Chaque album se doit d’être une étape particulière. Je ne tiens pas à stagner artistiquement, tourner en rond ou me reposer sur une formule "qui marche". Si l’inspiration n’est pas on s’abstient de composer. On créé et s’exprime selon l’humeur et l’envie du moment tout en évoluant musicalement. Nous ne sommes à mon avis pas prés de trouver "l’équilibre" s’il doit être synonyme de stagnation. Nous continuons qu’on le veuille ou non d’évoluer, d’acquérir de l’expérience donc fatalement, cela se ressentira sur notre musique.
MI. Votre parcours musical a été progressif. A chaque album, vous franchissez un nouveau palier, tant au niveau du style qu’au niveau popularité, penses tu que c’est le meilleur moyen pour un groupe de laisser une trace durable, plutôt qu’une exposition quasi immédiate ?
Ahriman. En effet notre parcours est progressif. Sans parler des démos pendant lesquels nous avons forgé notre identité, chaque album est, comme tu le soulignes, un nouveau palier, tant au niveau musical que "spirituel". Taedium Vitae est un rejet primitif de tout, un constat, un sentiment de dégoût de tout ce qui peut nous entourer sans vraiment en connaître les raisons. Des bibles, des hymnes, des icônes… est un peu plus réfléchi, une analyse, sans prendre parti, de toutes les illusions et utopies religieuses, iconoclastes ou politiques qui tiennent l’humanité, qui donnent une raison ou un but à la masse. Enfin Nothing Left To Fight For est un peu la conclusion, à savoir que tout ça nous dégoûte et nous lasse terriblement et traite des différentes échappatoires qui sont à notre disposition, le suicide, l’alcool, les drogues…
Quant à la popularité et les traces laissées, on s’en branle. Si on avait voulu vendre, on aurait sorti trois fois le même album, c'est-à-dire sans jamais sortir des rails traditionnels du Black Metal. On enregistre avant tout pour nous et les quelques personnes que ça peut intéresser.
MI. Vous n’imprimez jamais vos textes ni sur album, ni sur votre site, cette démarche de pousser l’auditeur à y être attentif en écoutant votre musique est elle un but, ou la conséquence du caractère très personnel de vos paroles ?
Ahriman. Nous préférons garder les textes pour plusieurs raisons. Pour le caractère personnel des paroles. Pour des problèmes de légalité, notamment avec les textes des bibles... Parce que je ne supporterai pas de voir cité un de nos texte sur un blog ou le sac à dos d’un pisseux de lycéens, ni d’entendre nos propos déformés. Parce que je ne tiens pas à ce qu’on prenne ça pour un message ou une marche à suivre, on n’est pas là pour éduquer des moutons. Pour des tas de raisons, je pense qu’on doit plutôt écouter les vocaux de MALLEUS MALEFICARUM comme un instrument de musique supplémentaire plutôt que d’un outil pour faire passer un message.
MI. Avec du recul, cette signature sur Aura Mystique est elle une bonne chose pour vous ?
Ahriman. Dans la mesure où ils respectent leurs engagements, le contrat négocié et signé, oui. Aura Mystique n’a évidement pas le même impact qu’Adipocere en terme de retombée au niveau de la promo, mais de gros efforts on été fait depuis quelques mois de ce coté là et on en ressent clairement les effets, ce qui est un bon point pour AM.
MI. Vous vous êtes toujours tenu à l’écart de tout aspect religieux ou politique, ne pense tu pas que c’est ce qui fait votre force ?
Ahriman. Je ne sais pas. C’est peut-être ce qui fait qu’on "dure" pour répondre à une question précédente. Je crois que le "public" s’est lassé de la mascarade et la guerre à la hache contre les religieux ou d’entendre sans cesse les mêmes discours puérils depuis pas loin de 20 ans et préfèrent aujourd’hui des gens qui vivent leur musique, qui sont cohérents avec leurs discours, même si c’est moins folklorique. Cela dit nous gardons de très bons contacts avec certains clowns qui enlèvent leurs rangers aussitôt après leur concert parce qu’ils ont mal aux pieds ou qui se débarrassent de leurs symboles douteux quand ils rentrent à la maison manger avec leurs parents.
MI. N’est ce pas d’ailleurs pour toi le vrai visage du Black Metal, à savoir de ne se préoccuper d’aucune idéologie, et de vivre pour soi ?
Ahriman. Non. Je ne suis plus vraiment sur de savoir à quoi ressemble le visage du Black Metal tellement il a été mutilé. Je sais seulement qu’on n’est plus en 1990 et qu’on n’aura plus jamais de scène comme à cette époque. C’est en tout cas le visage que je veux que MALLEUS MALEFICARUM garde, qu’on ne s’abaisse jamais aux valeurs humaines.
MI. Dans une précédente interview pour Metal-Impact, Nico déclarait en parlant de la scène Black, je le cite : « y a 90% de merdes et de blaireaux sectaires et débiles dans cette scène », quels sont selon toi, ceux qui méritent de faire partie des 10% ?
Ahriman. Difficile de compléter des propos qui ne sont pas les miens. Je ne sais pas où en est la scène BM en France. Les personnes que je côtoie le mérite sans doute. A savoir de quelle scène ils viennent et quel pourcentage ils y représentent, je m’en tape.
MI. Qui considère tu comme étant le véritable créateur du mouvement Black Metal ?
Ahriman. Dieu évidement. Soyons honnêtes, sans lui et quelques ados en crise, rien de tout ça ne serait arrivé.
MI. Où aura-t-on la chance de vous voir sur scène dans les mois à venir ?
Ahriman. Hélas, à cause de notre éloignement géographique (Paris/La Rochelle) il est assez difficile en ce moment de préparer les concerts. Nous avons quelques pistes mais rien de sûr pour l’instant, à suivre sur le website.
MI. Quelque chose à rajouter, et peut être avez-vous un petit mot pour les lecteurs de Metal Impact ?
Ahriman. Merci pour cette interview, merci de ne pas avoir posé les récurrentes questions dont les réponses sont disponibles par le premier pèquenaud venu comme la biographie ou la provenance du nom du groupe, merci de ne pas avoir demandé de citer une liste inutile de groupes nous ayant influencé. Si tous les "interviewers" faisaient cet effort, les zines gagneraient sans doute en intérêt. Merci du soutien.
Ajouté : Vendredi 09 Novembre 2007 Intervieweur : Mortne2001 Lien en relation: Malleus Maleficarum Website Hits: 20783
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