Avec un premier album intitulé Begin The Celebrations Of Sin (2005), on savait déjà que SEAR faisait dans le Black Metal haineux et blasphématoire. Et ce nouvel album, Lamentations Of Destruction, sent encore le souffle chaud des flammes de l’Enfer. A ceci près que le Démon ne nous envoie plus un petit diablotin balbutiant ses incantations, mais la toute puissante progéniture des Ténèbres et de la Lumière maudite. Un bâtard d’ombre et de feu, une monstrueuse créature hurlant haut et fort son appartenance à l’héritage de DISSECTION. Ce groupe finlandais (quelle surprise, encore un …) ne sera sûrement pas prophète au pays de LORDI et STRATOVARIUS, pourtant Lamentations Of Destruction évoque cette Scandinavie froide et sombre, celle qui rend fou, quand la nuit et le jour ne font plus qu’un, à vous en crever les yeux.
Oui, dans ce Lamentations Of Destruction, j’ai vu le Black Metal des premiers DARK FUNERAL (The Secrets Of The Black Arts), je me suis souvenu du Death Metal caverneux et technique de DISINCARNATE, j’ai soupçonné quelques plans piqués à SLAYER, j’ai adoré la performance de ce cogneur de batteur qui n’a rien à envier aux « grands », j’ai eu envie de réécouter NECROPHOBIC ou ce taré de Jon Nodtveidt. Un juron tel que « The Burning » atteint à lui seul la quasi-perfection : voix soit Death, soit Black, riffs démoniaques et mélodiques, breaks heavy et carrés à faire headbanguer comme un damné, c’est jouissif et on en redemande. Même le très court « Purgatory » et ses arpèges malsaines suffisent à nous faire plonger en pleine épouvante. Non, ce Lamentations Of Destruction n’est pas à mettre entre toutes les oreilles. Les « Violation Of The Soul » et autres « Hate & Scorn, Crowned With Horns » auront un impact sur tous ceux qui s’aventureront sur les dangereux chemins de la haine.
La bio indique qu’avec ce nouvel album SEAR franchit un sérieux cap. Oui, SEAR s’affirme, en 33 minutes à peine, comme l’une des révélations en matière de Black Death Metal, je n’en doutais pas, j’en suis maintenant convaincu. Mais gare aux éloges inconscientes qui ne préviennent en aucun cas du danger brutal. Le risque de basculer du mauvais côté, d’être soudainement possédé par une pulsion meurtrière, un fantasme d’annihilation. Qu’il est terrifiant de réaliser que face à SEAR, face à un tel déluge de colère et de puissance, l’espèce humaine est bien peu de chose…