Le terme « épique » a tendance aujourd'hui à être galvaudé tant il est utilisé pour qualifier tel ou tel style. Pourtant, s'il y a une musique à laquelle convient cet adjectif, c'est bien celle de SEAR BLISS. Quelle classe tout de même ces Hongrois : rien ici n'apparaît poussif ou artificiel. Le groupe ne craint pas de produire des compos qui dépassent les six minutes mais tout s'enchaîne avec un naturel assez fascinant. Passages agressifs ou plus mélancoliques, il souffle sur chacun d'entre eux un vent qui nous vient de l'Est et qui répercute l'écho des temps anciens où mythologie et histoire se croisaient et s'entremêlaient. Pour ce sixième album, les Magyars n'en oublient pas leur marque de fabrique, à savoir l'utilisation de trombones et autres instruments à vent qui hissent leur Black Metal au rang de la noblesse d'armes et d'art. Si les claviers sont bien là (« Lost And Not Found »), ils sont utilisés avec tact et participent à leur juste mesure à la construction d'atmosphères, SEAR BLISS évitant l'écueil de transformer le moyen en fin. SEAR BLISS préfère le vivant, le charnel, cette terre qui respire et dont il chante les louanges. Par son approche aristocratique, SEAR BLISS rappelle, dans un autre style, les Allemands de THE VISION BLEAK ; par son aptitude à vous prendre aux tripes, la formation évoque également feu DISSECTION. Difficile d'extraire tel ou tel morceau de The Arcane Odyssey tant celui est homogène : à ce titre, la pochette est une juste illustration du contenu. Les contours et les formes s'effacent devant les couleurs et les éléments. L'auditeur se trouve à son tour pris dans ce tourbillon qui, malgré une musique sombre, nous élève et le folklorique « Path To The Motherland » fait encore raisonner à nos oreilles cette célèbre phrase d'Aleister Crowley : « Chaque homme et chaque femme est une étoile »...