Le « Vampirisme » est un thème récurrent dans la culture Metal. Prenons au hasard le groupe italien THEATRES DES VAMPIRES ! Formé depuis 1995, leur univers (bien plus que leur nom emprunté à Anne Rice) est entièrement voué à cet être surnaturel doté de longues dents et assoiffé de sang! Leur musique, leurs textes, leur jeu de scène sont tournés vers Lui et constituent leur identité propre!
Aujourd'hui, le mythe de « l'oupire » alimente l'imaginaire de toute une génération d'auteurs, de paroliers et de musiciens! Alors à qui peut-on réellement attribuer la paternité de la « culture vampirique » ?
S'il le pouvait, Shéridan le Fanu se retournerait certainement dans sa tombe car il devait être loin de se douter que son Carmilla édité en 1872 serait LE texte révélateur de la littérature Es Nosferatu. Décédé un an après cette date, il ne put voir sa petite graine éclore et sortir de l'isolement Le Vampire (1819) de Lord Byron et Polidori. Il ne vit pas non plus l'essor fulgurant d'un genre indubitablement anglo-saxon avec la publication du grand classique de Bram Stoker, Dracula (1897). Le Fanu est un auteur à part. Passionné depuis toujours par les contes et les histoires fantastiques, le décès de sa femme l'éprouvât tant que son style en devint différent voire meilleur! Confusions, imaginaire décalé, mises en scènes théâtrales, Carmilla est créé pendant cette période de troubles et reflète ses pensées les plus sombres...
Comment un texte au départ insignifiant peut-il se retrouver « chef de file » d'un mouvement littéraire?
Carmilla regroupe tous les ingrédients d'un conte à succès! Prenez : une contrée reculée (la Styrie) ; une époque qui se prête à une mise en scène à la fois féerique et sombre (le XIXe siècle) ; un vieux château planté dans un décor bucolique et gothique ; une famille ancestrale dont la lignée s'est subitement éteinte (les Karnstein) ; un personnage envoutant et mystérieux ; un amour ambigu et candide... En parlant d'amour, ce livre est considéré par la majorité des critiques comme l'un des tout premiers récits à caractère homosexuel. Il est vrai que la relation amicale entre les deux protagonistes féminins se transforme rapidement en relation intime platonique et on « peut » y voir un amour placée sous le signe de Lesbos. Il est également certifié que la jeune vampire Carmilla ne choisit ses victimes que parmi la gente féminine! Pour ma part, je ne crois pas qu'il faille faire de ce sujet le fer de lance du conte de le Fanu! Après lecture intégrale du texte, on se rend vite compte que cet amour ne mérite pas les termes « saphique », « mortifère » et « enflammé » attribués par certains chroniqueurs et que cet amour peut tout simplement être considéré comme une simple amitié tendre et affectueuse...
Passons sans transition au vif du sujet! Le récit est conté par l'héroïne elle-même. « Laura » nous confie son histoire d'une plume innocente, confuse mais souvent romanesque. Sa solitude est brisée lorsque la jeune et belle « Carmilla » arrive en leur demeure d'une manière peu commune. Sa mère la confie aux bons soins de leur hôte prétextant un voyage trop épuisant pour sa fille de constitution fragile! Entre amitié complice et chaste affection, la destinée des deux jeunes filles semble liée et elles deviennent vite inséparables. Cependant, l'arrivée de Carmilla est ponctuée par la diffusion d'un mal étrange qui frappe mortellement les habitants de ce calme pays... Ce mal atteint alors « Laura » qui voit ses forces s'amenuiser lentement. Dans ce somptueux décor gothique, nous découvrons peu à peu la véritable nature de cette femme intemporelle qu'est « Carmilla ». Au détour d'un vieux pont ou d'une chapelle en ruine, notre première rencontre avec le vampire s'opère...doucement.
Alors, fermez les yeux. Prenez cette calèche qui vous conduira dans ce lieu reculé de la lointaine Styrie... Faîtes connaissance avec ces personnages attachants...Laissez-vous séduire par la sublime Carmilla... Laissez-la enfoncer tendrement ses fines canines dans le creux de votre gorge... et lisez tout simplement ce livre...