Quel difficile exercice de style que de chroniquer un concept album, tant l’œuvre nécessite un traitement exhaustif ne supportant pas l’approximation. Lorsqu’un groupe se fend d’un tel effort, il me parait plus que civilisé de traiter avec révérence, mais sans tomber dans la complaisance, une telle somme de travail. AGE OF NEMESIS n’en est pas à son coup d’essai, puisque Terra Incognita, un remake en anglais d’un album précédent, est son sixième album. Hongrois d’origine, les membres du groupes se sont ouverts à l’anglais assez récemment, un peu comme le LOUDNESS de l’époque. Sauf que question musique, rien à voir avec le Heavy assez insipide des nippons, nous nageons en plein bonheur, puisque ce CD est un déluge de progressif de premier plan.
Le groupe ne cache pas ses influences, grand bien lui en fasse, car elles sont plus qu’évidentes. DREAM THEATER bien sur, le mètre étalon du style, RUSH, la référence ultime, mais aussi FATES WARNING, l’éternel incompris, ou même IRON MAIDEN, pour la puissance alliée à la mélodie. Terra Incognita se décompose en 12 mouvements, tantôt aériens, tantôt diablement puissants, mais toujours au service des harmonies combinées à l’énergie. Le chanteur à un timbre des plus agréables, la section rythmique assure son boulot sans faiblir, le guitariste est plus qu’inspiré, et les claviers savent irrésistiblement titiller le tout d’une touche personnelle.
Impossible d’extraire un titre en particulier sans altérer l’ensemble, je vous demanderai donc d’écouter cet album in extenso, ne serait ce que pour remercier le groupe de cette offrande. Le tout se situe dans des eaux déjà naviguées par DREAM THEATER et QUEENSRYCHE, et pourrait constituer le chaînon manquant entre Awake et Operation Mindcrime, avec un équilibre penchant plus du coté des Californiens.
Réussite complète donc pour AGE OF NEMESIS, qui réussit le tour de force de produire un album pompeux, mais pas pompant, challenge hasardeux de nos jours. La production étant plus que parfaite, vous comprendrez si vous êtes fans du style, que l’achat devient quasi indispensable.
Les pays de l’Est se réveillent, il serait dommage de manquer le petit déjeuner en leur compagnie !