Le moins que l’on puisse dire et constater est que THERION est un groupe dans le panel musical Metal général qui n’a jamais laissé indifférent. Tantôt taxé de mégalomanes à l’univers trop emphatique aussi bien que grandiloquent et concepteurs de mouvements grandioses et féeriques, THERION n’est pas un apôtre de l’harmonie et de l’entente cordiale. Trois années après le monumental double album Lemuria/Sirius B, les Suédois rajoutent une nouvelle double couche de pure subtilité musicale avec ce Gothic Kabbalah, quinze titres de leur Metal Symphonique Progressif contenus également sur un double CD. Un voyage à travers mysticisme et Metal où THERION essaye de pousser sa quadrilogie à son paroxysme. Glissant sur l’héritage du précédent concept album, THERION ne change pas d’orientation même si le groupe a moins recours à ses étalages et fastes symphoniques.
Ainsi, les chœurs et les arrangements orchestraux sont moins présents à l’image de la quasi disparition des ensembles de cordes. Dès lors, point besoin d’orchestre philharmonique pour exagérer les compositions, la majorité des titres est dans son ensemble bigarrée et fraîche.
Dès les premières notes du morceau d’ouverture « Mitter Nacht Lowe », le chant soprano de la sublime Hannah Holgersson nous emmène sur les pas des atmosphères tracées par THERION depuis plus de dix ans désormais. Le morceau éponyme laisse place à une facette plus Folk notamment avec une flûte mise en exergue. Après « Lemuria/Sirius B », on ne pouvait peut-être pas s’y attendre mais la bande à Christofer Johnsson raffine ses structures et ses mouvements faisant preuve d’un grand sens de la remise en question et de recherche musicale. De nombreux rebondissements musicaux et lyriques viennent parsemer tour à tour les quinze pièces constituant ce Gothic Kabbalah. Misant aussi bien sur la théâtralité des morceaux comme « Close Up The Streams », la suave et douce « The Path to Arcady » emmenée par une ribambelle de notes fabuleuses, les pistes que sont la splendide et lyrique « Son of the Staves of Time » ou « The Perennial Sophia » insistent spécialement sur les aspects symphoniques et enthousiastes de l’opus alors que « The Wand of Abaris » propose des touches arabisantes dans son intro.
Nonobstant, THERION puise également dans son passé de groupe de Death Metal des influences certes éparses et diffuses que l’on retrouvent sur des titres qui prennent des tournures plus radicales à l’image de « The Wisdom and The Cage », la dynamique et Heavy « T.O.F : The Trinity ou The Falling Stone » et ses accélérations typique des groupes de Speed.
Rien à redire sur l’interprétation musicale et lyrique de cet opus, la production mettant en avant le talent énorme des musiciens avec en tête de liste son fondateur Christofer Johnsson. Très inspirés, les Suédois auront fait montre d’une constante évolution sans limites. Deux qualités sont pourtant requises pour écouter cet album si prolifique en atmosphères mystiques : patience et introspection sont nécessaires pour rentrer dans cette œuvre et en dépasser le stade symphonique ronflant et mélodramatique. Après The Secret of The Runes, Lemuria/Sirius B, THERION a encore bien des choses à dire et à proposer. Auteurs d’œuvres ambitieuses et abouties, THERION a une nouvelle fois placée la barre très haut. Les mystères de la Kabbale sont loin d’êtres percés mais le quintet est parvenu à entrouvrir des portes et à explorer de nouveaux chemins musicaux.
Avis aux amateurs… Celui qui va passer derrière, va falloir qu’il assure dans le genre !!