AHAB (du nom du capitaine du baleinier issu du roman Moby Dick de Herman Melville) est un side-project de deux des membres du groupe Gothic/Folk Metal Germano-Norvégien MIDNATTSOL, à savoir Christian Hector (guitares) et Daniel Droste (voix/guitares/claviers) auquel il faut rajouter l’ancien guitariste de ENDZEIT Stephan Adolf. Un premier coup d’essai en 2005 a fait connaître le combo Germanique avec la sortie d’un EP de quatre titres baptisé The Oath comprenant déjà deux des titres présentés sur leur premier album paru chez Napalm Records, The Call of The Wretched Sea. Œuvre musicale bâtie autour de l’histoire de Moby Dick, le trio Teuton pratique un Doom Metal lancinant et écrasant où l’on ressent le poids du mammifère marin. Les sept plages de ce premier album intitulé The Call of The Wretched Sea s’articulent ainsi autour de ce thème pour le moins assez inhabituel.
Descendants de formations légendaires qui ont façonné le style ces dernières années comme PARADISE LOST (album Lost Paradise), CATHEDRAL (In Memoriam) ou encore MY DYING BRIDE, chacun à sa manière, AHAB a quant à lui, opté vers une direction où les remous et la précipitation sont proscrits. D’une pesanteur monstrueuse, AHAB semble porter tout le malheur, la détresse et le désir de vengeance de la baleine et en même temps l’obsession et l’étrangeté caractérisée du capitaine Achab.
Inutile de vous dire que sur ce disque, les BPM sont quasi chimériques et submergés par les lames de fonds des rythmiques amorphes lâchées par le duo à la six cordes. Le chant caverneux de D. Droste semble annoncer les rugissements et l’agitation de la haute mer alors que les passages de guitares acoustiques (arpèges, et autres transitions au piano…) introduiraient plutôt une complainte de la baleine poursuivie par ses traqueurs. Cependant, AHAB offre de magistrales pièces comme « Below The Sun » ou « The Hunt », le titre phare du groupe, monument de plus de dix minutes ! Disciples de fréquences graves, les compositions monolithiques s’enchaînent agréablement sans trop nous égarer même si avec plus d’une heure, les titres sont longs, parfois interminables et les riffs monocordes saturés pourront saper votre envie d’harponner.
N’apportant pas grand chose au genre, l’œuvre repose surtout sur l’originalité du thème et du fil conducteur des titres, retraçant une journée de chasse à la baleine. Musicalement, tous les ingrédients et artifices propre au Doom sont présents pour nous immerger à l’imagerie du groupe. Si vous aimez la pêche et aimez rester à attendre la bonne prise pendant des heures, cet album est fait pour vous. Si la patience et l’apathie vous incommodent, évitez ce disque de AHAB qui pourrait vous plonger dans un sommeil éternel dans les profondeurs abyssales de l’océan…