KORUM (FRA) - Tout le groupe (Avril-2002)
Rencontre avec Korum le 20 Avril 2002 lors du festival Brutal Death-Grind organisé par Luna Frigidis. Profitant de cette occasion, nous avons posé quelques questions au groupe concernant principalement la sortie de leur album aux sonorités diverses et complexes.
Line-up : Kriss (basse et chant), Olivier (chant), Boban (batterie), Nicolas (guitare)
Discographie : Son Of The Breed (2002)
Metal Impact. Korum étant un jeune groupe, pouvez-vous nous faire une petite présentation ?
Kriss. Il est vrai que l'on est un groupe qui sort de nulle part. Maintenant sur le fait que Korum soit un jeune groupe, oui et non, car on joue depuis longtemps (plus de trois ans). C'est vrai que l'on a mis énormément de temps à travailler afin de construire une identité musicale et des points de repères.
Nous ne sommes pas des gens "mondains". On n'avait pas de plans concerts ou l'occasion de nous faire connaître. Au bout de quelques temps, on a quand même réussi à faire quelques dates sans chant car on a eu du mal à trouver notre chanteur actuel (ndlr : Olivier). On a donc tourné avec cette formation instrumentale pendant plus de deux ans.
Quand Olivier est arrivé, on a fait plus de concerts. On peut mieux ressentir notre musique sur scène et voir l'impact de nos titres avec du chant.
En trois ans, on a composé près de 15 morceaux. On s'est dit qu'on allait faire un album et maintenant tout s'enchaîne pour la promotion de cet album.
MI. Pouvez-vous nous expliquer la signification de Korum ?
Kriss. Korum est un terme juridique. C'est le nombre minimum qu'une assemblée doit contenir de membres pour que celle-ci puisse délibérer afin de prendre une décision. A l'époque, on cherchait un nom de groupe et on trouvait que ce nom correspondait à notre vision de ce qu'est un groupe musical à savoir un échange, un partage et qu'on décide tous ensemble de ce que l'on veut faire etc... Même s'il y a que moi qui parles ce soir [Rires], on décide de tout ce qui concerne Korum tous ensemble. Il n'y a pas de leader.
MI. Pourquoi avez-vous eu tant de mal à trouver Olivier (près de 10 chanteurs testés) ?
Kriss. Je crois que c'était du à la complexité et à l'intensité des morceaux. Dans Metallian, on n'a pas eu le choix du morceau présent sur le CD, ce n'est pas le plus représentatif ou révélateur du groupe car il est plus de l'ancienne époque (que l'on renie pas) de Korum où l'on faisait un Death Hardcore. Maintenant pour ceux qui auront l'occasion d'écouter l'album, les morceaux sont beaucoup plus complexes.
Pour en revenir au choix du chanteur, on n'en a eu qui soit ne suivaient pas, soit ils ne réussissaient pas à rentrer dans le Korum...
Olivier. A l'époque, j'étais dans une autre formation dans laquelle je m'investissais pas mal mais sans plus. Je cherchais quelque chose de plus sérieux. Je suis tombé sur une répétition de Korum grâce à Boban (ndlr : batteur) et j'ai trouvé cela mortel par son côté différent et inclassable, à savoir bien extrême mais pas non plus cliché ou caricatural. Il m'a fallut un petit temps d'adaptation pour arriver au niveau de l'album. Je ne chantais pas tout à fait comme cela au départ. Une évolution se fait continuellement et c'est pour cela que je suis resté.
A mon avis, c'est pas le chant qui va plaire aux puriste du style car ce n'est pas un chant très conventionnel pour le genre mais ça va avec un groupe qui n'est pas très conventionnel. C'est un ensemble.
MI. Qui compose chez Korum ?
Boban. Les trois quart des riffs ont été amenés pas Kriss. Cela a créé des bases de morceaux qui nous ont permis tous ensemble de travailler dessus.
Kriss. Dans le processus de composition, il est vrai que je travaille beaucoup les morceaux à la maison. Même si j'apporte beaucoup de matière, c'est toujours en accord avec les autres. Quand je travaille un morceau, je pense à Boban et à Nico. C'est un ensemble, même par leur absence, ils sont présents [Rires]...
Tous les arrangements sont fait ensemble. Maintenant, c'est un peu plus différent car on travaille plus avec Nico...
Nicolas. Il est vrai que c'est sur les arrangements qu'il faut que l'on se concentre le plus. En fait, tout se passe le plus naturellement. On se stresse pas mal les uns et les autres et c'est ce qui fait avancer les choses.
MI. Korum semble bien lancé avec Sekhmet Records et Adipocere, parlez nous de la production et de la distribution ?
Kriss. Il faut savoir que Korum est autoproducteur de cet album. Et que parallèlement à ça, j'ai lancé un projet séparé qui est le label Sekmet Records mais chose importante : les deux sont dissociés car il faut pas tout mélanger.
Pour le circuit de distribution, on a choisi Adipocere car on le considère comme le meilleur ou un des meilleurs de France dans son domaine (Distributeur VPC). Pas comme certains distributeurs qui vous demandent des échanges de CD sur des listes avec des listes et des groupes pourris. Avec Adipocere, on a trouvé des gens sérieux, professionnels et qui n'essaient pas de manger sur les groupes mais plutôt de collaborer et d'aboutir sur un quelque chose de sérieux.
Pour Sekmet Records, je me suis occupé, avec des bénévoles, de monter ce label afin de promouvoir la musique extrême. Je peux dire que ce n'est pas quelque chose de simple. Je tiens à dire encore une fois que ce label travaille avec Korum mais qu'il faut bien séparer les deux.
MI. Comment et pourquoi s'est porté votre choix sur les personnes qui ont fait l'Artwork de la pochette de Son Of The Breed ?
Kriss. On voulait une pochette hors du commun. Alors nous sommes allés sur internet en cherchant des termes bizarres (surréaliste, peinture à l'huile...) [Rires]. On a fini par tomber sur le site de Peter Gric (ndlr : www.gric.at) et là on a eu un flash...
Nicolas. Il m'a appelé en alerte à trois heures du matin en me disant viens voir. J'ai vu et j'ai dit oh putain !
Kriss. Ce qui est extraordinaire c'est qu'on lui a adressé un message pour lui demander si on pouvait utiliser une ou plusieurs de ses oeuvres pour faire l'artwork et il a accepté qu'on les utilisent gratuitement jusqu'à 3000 exemplaires, en échange de mettre son nom et de mentionner son site. C'est ce qu'on essaye de faire partout (interview, flyer, pochette, sur notre site...) parce que c'est quelqu'un de bien et on espère que si succès de Korum il y a, celui-ci lui revienne quelque part d'une façon ou d'une autre.
MI. Dans l'avenir vous continuerez à travailler avec lui ?
Kriss. Certainement, pour les prochaines pochettes on continuera avec Peter Gric...
Olivier. Personnellement, j'aimerai beaucoup. C'est un univers qui est quelque part proche du nôtre et comme nous ne sommes pas prêt de changer et j'espère lui non plus, il n'y a pas de raison pour que l'on ne continue pas de collaborer, enfin cela dépend surtout de lui...
Kriss. Si je peux parler pour l'intégralité du groupe [un oui collégiale résonne], je pense que pour la pochette cela sort du commun car on a tendance à nous mettre dans le Death Metal, Death Hardcore ou choses comme ça. Je considère que notre musique est une musique positive, une musique d'assaut, de lutte mais c'est une lutte envers soi. Il faut lire les paroles sur la pochette, derrière on parle de nous, de nos vies, c'est un combat que l'on a. On ne dit pas que l'on éjacule du sang, que l'on va écorcher des porcs, du satanisme ou des choses comme ça car on parle de nos vies parce que l'on aime la vie et même si c'est violent. C'est se battre pour vivre, la pochette rentre parfaitement dans cette symbolique.
MI. Et le logo ?
Kriss. C'est Christophe Szpajdel qui l'a réalisé. Il se trouve que c'est un ami d'un ami (Swen et sa copine). Swen me dit qu'il avait réalisé des logos pour différents groupes comme Emperor et Moonspell et qu'il reste disponible et ouvert à toutes propositions. Je lui ai donc envoyé un e-mail, il a répondu, il est venu à la maison, on lui a fait écouter l'album. Il nous a fait trois logos et tous ensemble on a choisi le logo que l'on conservait.
Nicolas. Autant pour la pochette se fut l'unanimité, autant pour le logo cela pourrait éventuellement changer [Rires].
MI. J'ai constaté, en effet, deux logos avec des typos différentes.
Olivier. Il y a eu un premier logo que l'on avait fait nous même à partir de différentes typos. On a utilisé celui-ci pour les flyers car tout s'est fait très vite avec Christophe Szpajdel. Il est arrivé après les flyers mais juste avant d'envoyer la pochette à l'impression.
Kriss. Le logo de Christophe Szpajdel s'intègre bien sur la pochette car c'était important de respecter l'oeuvre de Peter Gric.
Nicolas. Il est bien mais c'est vrai qu'il y a beaucoup de gens qui n'arrivent pas à le lire. C'est le "K" qui doit les bloquer car il fait un peu "X".
MI. Korum se veut un groupe aux influences variées et à la technicité complexe, vous n'avez pas peur que l'auditeur sature ou se perd ?
Olivier. C'est le petit problème à mes yeux. C'est pour cela que lorsque les gens assistent à un concert de Korum pour la première fois, ils n'accrochent pas forcément à 100%. Je pense qu'il faut écouter, avant, l'album entièrement et bien l'écouter pour avoir des repères pour comprendre comment on travaille et la façon dont ça marche. Il faut vraiment suivre les morceaux.
Nicolas. Il ne faut pas se mettre de barrière lorsque l'on écoute Korum. C'est de l'écoute active.
MI. Il faut aimer le Metal en général... Etre éclectique en somme ?
Olivier. Il faut laisser ses a priori de coté et arrêter de dire que le style Metal c'est telle ou telle étiquette. Le Metal c'est beaucoup de choses et il y a beaucoup de choses dans Korum.
Kriss. En même temps, c'est vrai que l'on fait exprès de mettre des pièges partout [Rires]. C'est un jeu que l'on a. La technicité, c'est une chose mais la façon dont on fait les arrangements, est faite en sorte que lorsque la personne s'habitue à quelque chose, on casse le rythme. Il y a une petite perte de repères qui vient du fait que l'on laisse très peu squatter les choses et qu'on fait des changements très rapides qui ne permette pas au corps de s'habituer. Je trouve que lorsque le corps s'habitue à un rythme, la puissance se perd et c'est pour cela que l'on met des pièges partout.
MI. On se rend compte qu'il y a une osmose de trois personnes et une autre un peu à l'écart au niveau du choix musical ?
Olivier. C'est parce que je suis le dernier à être arrivé. On a un petit désaccord lié au fait qu'il y a un petit décalage de ma part du à ma non participation et donc non connaissance de l'historique du groupe. Je suis le plus jeune du groupe et j'ai sûrement moins d'expérience musicale que les autres, donc je vois les choses d'une façon un peu différente mais au final, cela fini toujours par un accord et sur quelque chose qui pète.
MI. Au niveau live, comment se positionne et se comporte Korum ?
Kriss. C'est difficile à dire. C'est un aboutissement, il y a des morceaux qui ont mis trois quatre mois avant d'être composés. Ils ont été fait pour être partagé, le concert c'est le partage.
Boban. On a un but, en concert il faut que ça pète et que les gens accrochent. Il faut que ce soit entraînant, je pense que dans ce genre de musique quand c'est bourrin même s'il y a de la finesse, de la technique ou des riffs complexes, il faut que ça sorte et que cela donne la pêche. Il faut que ce soit net et précis car en concert cela ne pardonne pas.
Kriss. C'est d'ailleurs pour ça que l'on a qu'un seul guitariste car deux guitares en concert c'est très dur à sonoriser. Si déjà on a des morceaux complexes et si en plus c'est inaudible, le public s'y perd vraiment.
Après le plus simple, c'est de venir nous voir en concert pour se rendre compte de tout ça.
Olivier. Il est vrai que c'est le moment de venir nous voir car on ne sera jamais aussi spontané qu'à l'heure actuelle.
MI. Parlez nous des dates à venir, surtout des dates dans l'Est de l'Europe.
Kriss. Il y a une tournée dans l'Est de prévue avec Forest In Blood du 10 au 20 juin 2002 en Pologne, Biélo Russie et peut-être Allemagne. On part en Tour Bus là-bas, on va essayer de faire la fête au maximum et de donner tout notre potentiel. Le summum, c'est la tournée avec des concerts tous les soirs. On a hâte de partir car cela va être mi-travail, mi-vacance et que l'on va bien rigoler. [Rires]
MI. Quel est le point de vue de Korum sur la scène Metal Française ?
Olivier. Encore une fois, on sort de nulle part. On ne fait pas énormément de concerts. On n'a pas tellement de liens avec d'autres groupes, on est un peu dans notre bulle...
Boban. Si, on connaît quelques groupes quand même vu que l'on répète au Luna Rossa qui est un des plus grand studio sur Paris. Il y a pas mal de groupes de Metal là-bas. Le truc, c'est qu'il y en a tellement que c'est difficile d'être objectif. On aime chacun des groupes différents. Par exemple ce soir, il y a deux groupes de Grind (ndlr: Gronibard et Purulent Excretor), je trouve cela un peu dommage car pendant quelques temps, on risque de se retrouver sans concerts. Je pense qu'il n'y a pas assez de dialogues entre les associations.
Kriss. Il faut tout de même remercier Luna Frigidis qui organise cette soirée. Je trouve que le problème de la scène française, surtout sur Paris, c'est qu'il y a un manque de structure malgré le public qui lui est présent. On peut le constater ce soir par exemple car il y a beaucoup de monde, donc on est capable de réunir autant de monde avec des groupes underground qu'avec des grosses têtes d'affiches. Cela reste très difficile d'organiser des tournées comme la date de ce soir dans plusieurs endroits de France et de Navarre, toujours à cause de ce manque d'organisation et de structure.
Boban. Il y a de plus en plus de groupes de nos jours, il y a dix ans, il n'y avait pas tout ça. Il y a eu une baisse au niveau du Metal extrême au milieu des années 90 mais là, cela revient en force. Un exemple flagrant avec un groupe comme No Return qui a subit cette baisse et qui maintenant revient en force.
MI. Pour conclure, qu'attendez-vous d'un Webzine comme Metal Impact ?
Kriss. Bah déjà par rapport à ce que je disais avant, je pense que c'est important que des gens comme des webzines, par exemple, se bougent le fiacre car plus il y aura de gens qui se bougent et plus cela fera avancer les choses. Donc c'est plutôt positif comme démarche. C'est pour ça que j'ai créé mon label de mon côté parce que j'ai vraiment envie que les choses avancent. Et plutôt que de dire comme certains qu'il faut que ça bouge et ne rien faire pour, nous on le fait !
Ensuite, je dirai que j'apprécie énormément la démarche de Metal Impact. Metal Impact nous avait contacté, on a répondu aussi vite que l'on a pu sur le CD et là on fait une interview. Donc tous les gens qui parlent ou agissent au profit de la scène Metal, sont des gens importants. Ce que j'espère, c'est que Metal Impact deviendra un grand webzine...
MI. Metal Impact a donc le soutien de Korum ?
Kriss. A 100%.
Nicolas. Je dois dire en toute franchise que je ne surf pas beaucoup sur internet et que je ne sais même pas ce qu'est un webzine [Rires collégiale]. Mais en tout les cas je vous souhaite bonne chance...
Kriss. Ah si je dois rajouter une chose pour les lecteurs, ils peuvent trouver sur notre site ou Metal Impact deux morceaux complets en MP3. On peut faire des interviews ou dire ce que l'on veut, le meilleur moyen de se faire une opinion, c'est de les écouter...
Ajouté : Dimanche 21 Avril 2002 Intervieweur : Blasphy De Blasphèmar Lien en relation: Korum Website Hits: 19380
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