Conseil de cuisinier. Pour faire une bonne mayonnaise, il faut que tous les ingrédients (et surtout les œufs) soient à température ambiante ! C’est très important. Croyez-moi, une mayo bien faite est le meilleur accompagnement possible pour déguster le Crabcore. Et celui d’ATTACK ATTACK! est loin d’être une sous-marque Leaderprice ou un aggloméré de merdes vendu une fortune sous le blaze Coraya. C’est le top du top, l’excellence, la finesse d’un King Crab d’Alaska cuit au court-bouillon. Mais soyons sérieux. Rien n’exaspère plus en ce moment que le Deathcore et la tripotée de groupes plus ridicules les uns que les autres qui le représentent. Souvent critiqué, méprisé, ridiculisé, à tort ou à raison, les américains sont toujours présents. A quelques jours de la sortie de leur troisième album, Metal-Impact a jugé intelligent de se pencher sur un deuxième opus éponyme qui n’est ni une révolution, ni un chambardement, ni même un bon disque, mais qui mérite simplement la dignité qu’on doit aux œuvres musicales quelles qu’elles soient.

Il est vrai, Someday Came Suddenly avait de quoi agacer, même si je continue à penser qu’il n’est pas le pamphlet grotesque qu’on décrit populairement. Musique de jeunes, impertinente, arrogante, sans saveur ni âme qu’on disait. J’en conviens sans approuver la dureté des propos. Austin Carlile ayant quitté la meute, c’est désormais sous forme de quintette que se présentent nos crabes préférés. Deux ans se sont écoulés depuis leur premier effort et sans exagérer, ça s’entend. Le culot, qu’on peut facilement associer à de l’effronterie quand on écoute une chanson comme « Shut Your Mouth » qui ferait passer Justin Bieber pour un fin mélomane, est toujours présent. Mais il est contenu. Les américains se sont calmés, œuvrant désormais entre la désinvolture la plus effrayante qui soit et le sérieux presque palpable de ceux qui veulent véhiculer autre chose que des clichés. Ce Deathcore, difficilement dissociable de ses parties électroniques, nappes de claviers, samples et synthés en tous genres et arrangements de dancefloor, aura de quoi hérisser le poil. Néanmoins, on remarque un assagissement. Si elle était signée THE DEVIL WEARS PRADA, une composition comme « Renob, Nevada » aurait toute sa légitimité par exemple. Aussi aimerais-je préciser que la comparaison s’arrête là. Pour ce qui est des parties crabbys, elles sont plus redoutables que jamais, tantôt incrustées entre des pianos échevelés (« Sexual Man Chocolate »), tantôt greffées sur des couches orchestrales avec violons à l’appui (« I Swear I’ll Change »), tantôt brutes de décoffrage (« AC-130 »). Et pourtant, même si cet opus est moins désagréable qu’il n’y parait, il possède son lot de points noirs. Surpassant Someday Came Suddenly en termes de maturité, on ne pourra que regretter qu’ATTACK ATTACK! ne propose qu’un réchauffé médiocre de l’inimitable « Stick Stickly » avec son pseudo-tube « Smokahontas » au leitmotiv Electro bien médiocre pour une chanson qui a fait l’objet d’un vidéo-clip. Aussi, les délires du style « West Coast Represent Nigga », avec flow autotuné synthétique comme sur « Fumbles O’Brian » ne font plus rire grand monde. Dernière remarque et après je m’arrête, les refrains scandés avec du vrai chant clair dedans sont moins hymniques que par le passé, ce qui fait qu’on retient davantage cet album comme un ensemble harmonieux et réfléchi que comme une galette d’où ne se démarquent qu’un ou deux titres, naviguant à vue dans un océan de paillettes.

Malheureusement, il y a une chose qu’on ne pourra changer, c’est leur blaze. Et pour beaucoup, il est synonyme d’artifice, voire pire. Je n’ai pas pour objectif de vous réconcilier avec ATTACK ATTACK! qui d’un côté, mérite probablement son impopularité chez les vieux de la vieille. Mais simplement, avoir l’honnêteté de leur reconnaître l’ombre d’une bonne volonté n’a jamais couté un bras à personne. Ils ne sont pas les seuls à le faire, ils ont juste été les premiers à si grande échelle. Leur seul tort aura peut-être d’avoir ouvert la porte à toutes les dérives, qui aboutissent aujourd’hui sur des projets autrement plus scandaleux, DESIGN THE SKYLINE pour ne pas les citer.