WEB (pt) - Deviance (2011)
Label : Auto-Production
Sortie du Scud : 19 mars 2011
Pays : Portugal
Genre : Thrash Metal
Type : Album
Playtime : 9 Titres - 51 Mins
« Un Chien Andalou ». L’artwork de ce disque est aussi glauque que la scène d’ouverture de ce court-métrage espagnol qui était sorti en 1929 et qui montrait explicitement une femme se faire trancher un œil au rasoir, provocant bon nombre d’exégèses pour l’époque. En tout cas, cette scène n’aura pas laissé indifférent et si on peut faire une quelconque relation avec le deuxième full-lenght des portugais de WEB, je signe direct ! Hélas, je crains que nos lusitaniens ne soient que de braves gaillards, inspirés par le Thrash Metal qui vient de loin et qui n’ont d’autre ambition que de lui rendre un vague hommage au travers de Deviance, sur lequel il ne faudra pas vraiment compter pour trouver des idées neuves. Bien que motivé par d’honorables desseins, voilà un disque qui se révélera bien trop studieux et appliqué pour chambouler l’idée qu’on se fait de la scène Thrash européenne. Tout au plus est-il juste apte à prouver que les groupes hispano-portugais n’ont pas à justifier de leurs aptitudes à pondre des œuvres convaincantes, alors qu’on voudrait bien qu’ils se taisent à jamais sous couvert d’un pseudo-prétexte d’intégrisme musical. Oui, ça existe encore…
A ceux-là, les WEB rétorquent qu’ils ont suffisamment contribué à la prospérité des groupes du « Big Three Of Teutonic Thrash Metal » pour se permettre de leur emprunter l’un ou l’autre riff. Pour autant, Deviance n’est pas une contrefaçon. Cet album se démerde comme un grand dans un univers froid et impitoyable. Cousu de refrains chocs et de rythmiques entre Thrash épicurien et groove discret, la majorité de ces compositions font immanquablement taper du pied. La faute à Pedro Soares, un batteur remarquable qui travaille sur des changements de tempos fréquents et une accroche exemplaire sur les cymbales. WEB déjoue les obstacles de la linéarité en variant ses habitudes et en misant sur deux ou trois notes d’exotismes, comme un passage orientalisé en fin de « Life Aggression » ou une ressemblance particulièrement poussée avec SODOM sur certains plans, dont ceux d’« Awake » qui s’achève par des samples assez bien trouvés. Dans cette affaire, les solos présentent peu d’intérêt puisqu’ils ne servent qu’à conclure avec une pointe de maestria des créations qui s’épanouissent dans la violence primaire du Thrash. Autrement dit, WEB est beaucoup plus efficace dans les parties qui tabassent, qu’elles soient d’une vivacité typique pour le style ou dans les mid-tempos fourbes et saccadés d’« As We Crawl ». Les portugais ont également avec Fernando Martins un sacré bon bassiste-chanteur, qui débite de sa voix éraillée de belles insanités. Son timbre est un modèle du genre. Là où le bât blesse, c’est quand nos amis s’enferment à double-tour dans leurs convictions et en viennent malgré eux à verser dans la vénération et l’apologie. Ce Thrash fayot n’a jamais un mot au-dessus de l’autre, se cantonne à des recettes centenaires et en dépit de son authenticité flagrante, pêche par omission. Omission d’avoir de l’ambition.
Frustrant, comme un album qui la joue pépère alors qu’il pourrait provoquer un raz-de-marée sur les côtes lusitaniennes, pour peu qu’il s’affirme et se rebelle. En plus, vu la pauvreté apparente de la scène de par chez eux, il y a un filon à exploiter. En tout cas, WEB peut se féliciter d’une chose ; à savoir être un des groupes de Thrash les plus talentueux du Portugal. Ça crève les yeux, sans mauvais jeu de mot.
Ajouté : Mardi 14 Février 2012 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Web Website Hits: 9938
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