YEAR LONG DISASTER (usa) - Black Magic: All Mysteries Revealed (2010)
Label : Volcom Records
Sortie du Scud : 8 Mars 2010
Pays : Etats-Unis
Genre : Hard Rock Epais
Type : Album
Playtime : 11 Titres - 42 Mins
Pas toujours facile d’être « le fils de ». Surtout dans l’univers bien glauque du business. Après, tout dépend de la situation. Soit on est le fils d’un has been, d’un never been, et là, personne ne vous attend, soit l’héritage familial est lourd à porter en cas de figure paternelle/maternelle mythique et personne ne vous rate au tournant. Alors après, les cas de figure se multiplient. Après tout, rien ne vous oblige à choisir la même voie que papa/maman. Ce qu’a brillamment fait Stella McCartney par exemple. Ou alors choisir la même voie, et garder le même style, en ayant le même talent, tel Jeff Buckley, qui reste un cas sacrément isolé.
Ou alors se rendre compte qu’on ne fera jamais mieux que son père, et ne pas tenter de le faire.
Il semble que Daniel Davies ait fait ce choix.
En même temps, je le comprends. Se lancer sur le créneau de la pop précieuse aux paroles délicieusement sociales/dandy, c’était perdu d’avance. Essayer de surpasser « Sunny Afternoon », « Lola » ou « Waterloo Sunset », c’est le genre de pari débile qui finit par une gamelle mémorable. Alors autant emprunter un chemin différent.
Et finalement, lorsque l’on met la carrière du fils en parallèle de celle du père, il y a plus de points communs que l’on ne croit. Après tout, Ray Davies n’a-t-il pas balancé un jour un gigantesque pavé intitulé « You Really Got Me » à la face incrédule des swinging sixties ? Et ce titre n’a-t-il pas été repris un beau jour de 1978 par une bande de chevelus hirsutes du nom de Van HALEN ?
Alors…la frontière en fin de compte est mince.
Et c’est pour cela que Ray a le droit d’être fier de son fiston. THE KINKS/YEAR LONG DISASTER même combat ?
Pas tout à fait. Car si la musique de YLD est de fort bonne facture, on est quand même à cent lieues du sens du détail des KINKS.
YLD donne dans le Hard Rock bien gras, aux riffs épais comme une purée sans crème fraîche, mais loin d’être simpliste ou passéiste, leur musique ne manque pas une occasion de s’envoler, portée en cela par la voix très versatile de Daniel. En témoigne le titre d’ouverture, très catchy, « Show Me Your Teeth » et son lick de guitare très stonien. Mid tempo impeccable et sans complexes, « Love Like Blood » confirme cette très bonne première impression. « Stranger In My Room » suinte les 70’s par tous les pores. Ce Rock saignant, un peu crad n’cheap comme un mégot oublié dans un verre de bourbon.
On passe parfois par des ponts bizarroïdes et des emprunts à peine déguisés aux aînés de BLACK SABBATH sur « Sparrow Hill », avec en prime un solo bien plombé, pour se jeter à corps perdu sur le morceau suivant, « Seven Of Swords », dans les vagues brûlantes d’un ZEP acoustique. C’est d’ailleurs sur ce titre que la voix de Daniel ressemble le plus à celle de son père, avec de dédain flegmatique si caractéristique.
Le down tempo urbain reprend bien vite ses droits grâce à « She Told Us So », vite suivi d’un « Venus At The Crossroads » bien teigneux.
« Foggy Bottom » est ses arpèges latinos d’intro casse le rythme très intelligemment, sorte de Chris Isaak moderne lorgnant du côté de la West Coast, et on se finit sur le binaire cassé de « Cyclone », qui porte merveilleusement bien son nom et achève l’album d’une touche de violence bienvenue.
Black Magic: All Mysteries Revealed pourrait se ranger aux côtés d’un JET en plus lourd et plus contrôlé. Presque stoner par moment, mais suffisamment brillant pour en éviter les écueils répétitifs et pénibles, l’album fait preuve d’une grande cohésion sans toutefois négliger la diversité. Le réel talent de Daniel à la guitare, son don inné pour trouver des riffs inventifs et accrocheurs lui permet de dérouler tranquillement sur la piste, aidé en cela par une voix attachante et pleine de feeling très personnel.
Rien de surnaturel, mais 40 minutes de vrai Rock.
Après tout, quand Lemmy himself dit de vous « Year Long Disaster joue le Rock comme il doit être joué », c’est qu’on mérite le détour quand même, non ?
Ajouté : Vendredi 02 Juillet 2010 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Year Long Disaster Website Hits: 10212
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