MELECHESH (nl) - Ashmedi (Nov-2006)
Représentant et garant du Black Metal aux consonances Orientalo- Mésopotamiennes, MELECHESH a été créé en 1993 par Ashmedi (guitares/Voix). Comprenant à l’origine dans son rang le batteur chanteur de ABSU, le groupe originaire d’Israël a produit des albums uniques aux ambiances orientales dont les géniaux Djinn et Sphynx. Ne pouvant s’arrêter sur si bon chemin, MELECHESH est revenu sur le devant de la scène cette année avec son dernier album en poche Emissaries. Et c’est bien de cela dont on parle : MELECHESH est l’émissaire d’un Black Metal original et personnel. Vivant aujourd’hui aux Pays-Bas, cela fut plus facile pour nous d’obtenir un rendez-vous en vue d’une interview. Pari gagné puisque c’est le leader et l’âme du groupe Ashmedi qui a gentiment et chaleureusement répondu à nos questions !
Line-up : Ashmedi (chants/guitares), Xul (batterie), Moloch (guitares), Al’Hazred (basse)
Discographie : The Siege of Lachish (EP - 1996), As Jerusalem Burns (Album - 1996), As Jerusalem Burns…As Intisar (Album - réédition 2001), Djinn (Album - 2001), Sphynx (Album - 2003), Emissaries (Album – 2006)
Metal-Impact. Te souviens-tu encore de la raison qui t’a poussé à pratiquer du Black Metal aux touches orientales ? Etait-ce un profond désir de vouloir te démarquer de la scène Black traditionnel?
Ashmedi. Oui bien sûr, je me souviens que je voulais faire avant tout quelque chose de sombre et de tourmenté et vu que nous étions originaires de la «Terre Sainte» (Israël), cela m’a donné la motivation supplémentaire pour le faire, mais j'ai aussi voulu ajouter une autre dimension à notre musique, contribuer à faire connaître l’ancienne culture Mésopotamienne en y incluant des thèmes de l’époque (textuels, musicaux) et en y additionnant également des modèles de tambours Orientaux méditerranéens (c'était en 1993).
Pour répondre à la seconde question, pas du tout car j’apprécie énormément le Black Metal, un Black cru et j’aime toujours composer des morceaux comme çà mais uniquement pour mon plaisir !
Personnellement, j'ai voulu soutenir la scène Metal et y apposer ma marque, contribuer à quelque chose pour représenter le Black Metal Méditerranéen. J'ai voulu inventer un nouveau son et une nouvelle approche! C'était mon destin musical je suppose! Sinon, si j’aime certains groupes, je les écoute simplement. Je n’éprouve pas le besoin de recopier leur travail, je suis trop fier pour cela ! J’étais également désireux d’entendre une musique comme MELECHESH mais comme cela n’existait pas avant je l’ai crée, tout simplement !
MI. Emissaries est votre quatrième album studio. Pourrais-tu procéder à une présentation détaillée de l’opus ?
Ashmedi. Cet album est un travail obsessionnel sur moi et sur ma propre fin. C’est un album au contenu très profond et très sombre, on y décèle beaucoup d’atmosphères, de couches et plusieurs degrés de lecture. Le groupe étant en progrès, Emissaries prend les meilleurs éléments des précédents albums de MELECHESH, puis il les raffine. De plus, le groupe a naturellement évolué, nous nous sommes tous améliorés. Mes compétences d’écriture de textes se sont elles aussi accrues ! Si tu nous écoutes, tu verras que chaque album a son propre caractère et qu’ils ne sonnent pas de la même manière. C’est du MELECHESH, ils possèdent tous les mêmes éléments originaux. Les gens disent qu’il s’agit de notre meilleur album… Je ne suis pas assez objectif pour prétendre affirmer ce genre de chose.
Chaque titre sur cet opus a sa propre touche et aucun n’est répétitif. Il y a une grosse présence de Thrash et de Black Metal associé à des sonorités du Proche-Orient. Comme je l’ai dis, cet album possède plusieurs couches, de degrés et d’atmosphères, à la fois mystique, sombre, agressif, atmosphérique…
MI. Peux-tu nous parler un peu de la pochette dont on remarque en toile de fond la mythique tour de Babylone ? Pourquoi ce symbole ?
Ashmedi. En fait la pochette est perçue de deux façons. Comme un Ziggurat (édifice religieux mésopotamien en forme de pyramide à étages) et une Tour de Babel. Pourquoi je dis Ziggurat parce que la chanson "Ladders to Sumeria" traite en particulier du Ziggurat de la ville historique de Ur, qui selon la mythologie Mésopotamienne étant le point de lancement d’où les Dieux Sumériens provenaient.
Ce qui se cache derrière ces tours, que ce soit un Ziggurat ou la Tour de Babel (la Tour est en fait un Ziggurat pour être plus précis) c’est que ces «places fortes» sont des lieux d’où les Dieux Annunaki venaient. En fait, ce n’étaient pas vraiment des Divinités comme on l’entend mais plutôt les fondateurs et les architectes de l’Humanité. Ils étaient originaires d’une autre planète. C’est une théorie que me fascine.
MI. Malgré tout l’intérêt que vous portez aux musiques orientales, on ne dénombre pas non plus une grande utilisation ou profusion d’instruments traditionnels orientaux ? Pourquoi cela ?
Ashmedi. Parce que nous sommes un groupe de Metal… Mais cela dépend du feeling et des opportunités pour ces chansons comme elles sont pour obtenir le son parfait pour chacune d’entre elles. Nous avons en réalité assourdi quelques instruments orientaux, nous utilisons vraiment la guitare et les tambours d'une façon orientale quand le temps est juste et c'est suffisant. Ces albums sonnent déjà très orientaux du point de vue des riffs et des mélodies qui se mélange aux autres idées. Cela est subtil et obtenu de façon voulue et mature !
MI. Quel est votre secret pour la composition de morceaux si tortueux du point de vue des ambiances ?
Ashmedi. Merci pour le compliment ! Nous suivons une ligne directrice de chefs de fil et non pas de poursuivants ! (NDLR : comme dirait nos amis de NAPALM DEATH !)
Peut-être est-ce la façon dont j'écris et les sentiments que j’ai dans ma tête, la manière dont je joue de la guitare est différente de celle de Moloch. Il a sa propre façon de jouer, son style surtout pour ce qui est de la façon de jouer du Buzuk (luth typique oriental). Je suis très méticuleux et je paie une énorme attention aux détails et aux atmosphères que je veux obtenir, c’est un processus long et dur à obtenir.
MI. Où trouvez-vous votre inspiration en général pour composer vos titres (paroles et musique) ?
Ashmedi. Musicalement, tous les musiciens sont sous l'influence des groupes qu'ils ont écouté. Je suis convaincu que toutes ces influences nous ont construit mais pour composer, j’écris tout ce qui me passe par la tête, un endroit étrange et noir ! Du point de vue des textes et des paroles, comme tu le sais, tout est axé autour de l’occulte, des mythes et des rites magiques du Proche Orient et de la Mésopotamie. Mais pour rester collé à la musique, lorsque je compose pour MELECHESH, j’essaie de dessiner la musique que je ressens en mon for intérieur, j’ai des images dans mon esprit que j’essaie de retraduire musicalement. J’écoute un grand nombre de musique, tout style confondu, mais ce que je fais est fait avec feeling et est original.
MI. Quelles sont tes influences tout style de musique confondu ?
Ashmedi. Cela va du Black Metal au vieux groupes de Heavy, le Hard Rock des années 70, de la musique psychédélique, de la musique méditative orientale, du classique, donc c’est très vaste.
Pour coller au Metal, on peut dire SLAYER, BATHORY, SATYRICON et sinon THE TEA PARTY, OZRIC TENTACLES, GHAZAL, ANOUSHKA SHANKAR, etc.
MI. J’ai pu lire ici et là que BATHORY avait été pour toi une grande source d’inspiration, ce que l’on peut comprendre. Quel est l’album de BATHORY que tu préfères et pourquoi cela ?
Ashmedi. J’ai tellement écouté l’album de BATHORY The Return que j’ai voulu me lancer et faire un groupe de Black Metal, mais avec une ambiance résolument orientale.
MI. Comment travaillez-vous désormais ? Es-tu toujours le principal compositeur du groupe ?
Ashmedi. C’est mon groupe, donc rien n’a réellement changé ! Disons que 90% des riffs de cet album proviennent de ma guitare. 100% des paroles sont de mon fait (excepté la reprise) et les arrangements sont de l’ordre de 95% et toujours fait par moi-même. Comme pour les plans de batterie. Mais j’aime beaucoup lorsque les autres membres apportent des idées. Moloch ne compose pas de riffs cependant parfois il en fait et c’est bien car il a du talent. J’écris les riffs et les plans de batterie dans ma tête lorsque je répète tout seul ! Ensuite je fais une démo que je retravaille avec un vrai batteur cette fois-ci.
MI. Pour quelle(s) raison(s) Proscriptor n’est-il plus le batteur de MELECHESH ?
Ashmedi. Tout simplement à cause de la distance et du manque de temps. Le processus d’enregistrement en studio est long et avant la préparation en personne de l’album, nous avions Xul derrière les fûts qui nous accompagnait lors des séances live depuis 2004 et il a toujours fait un excellent boulot. Donc je lui en ai parlé (à Proscriptor) et lui ai dit que nous travaillions avec Xul parce qu’il était avec nous depuis deux ans et qu’il vit à côté de chez nous (en Hollande) donc c’est bien plus pratique. Nous sommes toujours de bons amis et cela n’est pas prêt de changer. Il fait de plus une apparition dur l’album en tant que guest vocal et il va rééditer en tant que producteur notre premier EP datant de 1996 !
MI. Comment vois-tu votre carrière après ces années d’existence et à titre général, que penses-tu de l’évolution du Black Metal en général ?
Ashmedi. Je n’aurais jamais pensé que nous sonnerions comme cela ! Je veux dire que je savais pertinemment ce que je voulais en ayant mon propre style de Black mais je n’aurais jamais imaginé faire ce que j’ai réussi à entreprendre jusqu’ici ! Par exemple, quitter Jérusalem et poursuivre l’aventure et que tant de monde connaîtrait MELECHESH à travers le monde. Je ne vais pas prêcher pour l’évolution du Black Metal, je connais la musique.
La roue tourne et continuera de tourner, ce sera la même chose avec le Black. Il y a beaucoup de groupes vraiment minables qui se comportent comme des moutons bien disciplinés ! Mais il y a également de bons groupes, pas vraiment originaux mais parfois dans le Black c’est bien d’avoir des groupes simples faisant des choses élémentaires et directes. C’est tout ce que la musique prétend !
MI. Parles nous de ta formation musicale si tu en eu une ?
Ashmedi. Non. Je regrette. J’aurais bien voulu mais je n’en ai pas reçu.
MI. Que préfères-tu : composer, enregistrer ou évoluer sur scène ?
Ashmedi. Je dirais composer car j’aime construire et arranger de nouveaux morceaux. L’enregistrement est également un processus enrichissant mais ô combien stressant ! Evoluer sur scène c’est bien uniquement si le public est bon et réceptif à notre musique. Nous aimons nos shows en général, cela se passe bien.
MI. Quelles seront vos prochaines dates en France et plus précisément à Paris ?
Ashmedi. Nous ne savons pas quand nous reviendrons mais nous aimons beaucoup venir à Paris en général. On s’y sent à l’aise et confortable. J’aime de plus la mentalité régnante. Paris est une grande ville et avec Berlin ce sont mes villes préférées en Europe. Nous avions passé un excellent moment à la Locomotive la dernière fois que nous sommes venus. Un bon public donc une belle expérience dont je me souviens !
MI. Que préfères-tu lorsque vous partez en tournée (le contact avec le public, découvrir de nouveaux pays, écrire de nouveaux morceaux…) ?
Ashmedi. Je dirais sans hésiter rencontrer les gens qui comprennent notre musique. C’est très personnel mais j’éprouve une connexion intime avec eux lorsqu’ils apprécient et comprennent ce que je fais. Je voyage beaucoup sans le groupe donc j’aime découvrir de nouvelles et différentes cultures. N’oubliez pas que j’ai grandi dans un site international avec beaucoup de cultures donc j’ai déjà découvert pas mal de choses. L’endroit que je préfère pour écrire des morceaux est d’être en totale isolation à des heures pas possible !
MI. Quelle est la question à laquelle tu en as assez de répondre et quelle est celle à laquelle tu aimerais répondre un jour ?
Ashmedi. Oh oui, je dirais bien que j’en ai assez des questions stupides et sans intérêt ! Les fausses questions comme « Etes-vous Israéliens ? » bla, bla, bla… Nous ne le sommes pas et nous l’avons déjà répété et dit maintes fois ! C’est une nationalité, basta ! Ou bien ce qui m’agace également ce sont les erreurs par rapport à ceux qui pensent que nous écrivons sur des thèmes Egyptiens. Cela m'irrite car nous n’avons jamais rien écrit sur l’Egypte.
Ton interview était intéressante donc rien à redire là dessus et merci pour cela !
MI. Si tu as quelque chose à ajouter, c’est le moment…
Ashmedi. Tout a été dit. Vous avez tous mes remerciements. Ce fut une interview agréable !
Ajouté : Mardi 21 Novembre 2006 Intervieweur : Loki Lien en relation: Melechesh Website Hits: 24207
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